L’ego est une illusion pratique. C’est ce qui nous permet de dire “je”, de tracer une frontière entre soi et le reste du monde. Sans lui, impossible de se projeter, de choisir, de défendre une place. Mais cette illusion a un coût : elle nous fait croire que notre rôle est plus central qu’il ne l’est, que notre regard est plus juste que celui des autres, que notre importance dépasse ce qu’elle est réellement.
L’ego nous donne de l’énergie, mais il brouille notre lucidité.
Quand l’ego détruit
On pourrait croire que cette mécanique n’est qu’une affaire individuelle, presque psychologique. L’histoire prouve le contraire. Quand l’ego devient moteur unique, il entraîne des systèmes entiers dans sa chute.
Napoléon en Russie, en 1812, en est un exemple brutal : persuadé de son invincibilité, il refuse d’écouter ses généraux, ignore le froid, méprise les réalités logistiques. Résultat : une armée décimée. Plus près de nous, Kodak invente l’appareil photo numérique dès 1975, mais le met de côté. L’ego collectif de l’entreprise ne voulait pas voir disparaître la pellicule, symbole de sa puissance. Enfin, l’époque récente regorge de dirigeants obsédés par leur image. WeWork, Theranos et tant d’autres ont montré à quel point l’ego d’un leader pouvait contaminer toute une organisation.
Dans chacun de ces cas, l’ego ne se contente pas de fragiliser une personne. Il devient une faille systémique.
L’ego au quotidien
Nous n’avons pas d’empires à diriger ni de marchés mondiaux à dominer, mais le mécanisme est le même. Dans une réunion, il se manifeste quand nous défendons une idée simplement pour qu’elle nous soit attribuée. Dans une carrière, il nous pousse vers un titre prestigieux plutôt qu’un rôle juste. Dans la création, il nous fait publier pour impressionner, non pour partager.
Ces gestes paraissent anodins, presque invisibles. Mais à la longue, ils installent un décalage. On agit pour l’ego, pas pour l’œuvre. On vit pour être vu, pas pour vivre.
La lucidité de l’effacement
Mettre l’ego de côté n’a rien d’une posture d’effacement ou de modestie forcée. C’est simplement accepter que notre place n’est pas centrale, et que la valeur de nos actions dépasse le regard porté sur elles. Quand l’ego s’apaise, quelque chose change dans notre rapport au monde. Les décisions gagnent en justesse, car elles ne sont plus dictées par le besoin d’avoir raison à tout prix. Le travail devient plus fluide, moins tendu par la nécessité de prouver. Le temps, lui aussi, se dilate : on cesse de vouloir tout obtenir immédiatement, et l’on retrouve le goût du long terme.
Des modèles à méditer
Certains ont montré la puissance de cet effacement. Akio Morita, fondateur de Sony, tenait à ce que son nom ne soit jamais mis en avant : ce qui comptait, c’était le produit. Leonard Cohen, alors qu’il avait atteint une notoriété mondiale, s’est retiré plusieurs années dans un monastère bouddhiste. Il n’a pas cessé de créer, mais il a suspendu le besoin de paraître. Dans le sport aussi, on connaît ces athlètes discrets qui ne commentent pas leurs exploits et laissent leur jeu parler pour eux.
Ce qui frappe dans ces trajectoires, ce n’est pas l’absence d’ambition. C’est une ambition nettoyée de l’illusion du “moi”.
Pratiquer la mise de côté
On ne supprime jamais l’ego. Mais on peut le remettre à sa place. L’exercice commence souvent par une question : est-ce que ce choix est guidé par ce qu’il produit réellement, ou par ce qu’il dit de moi ? Il continue dans le silence : créer sans publier immédiatement, avancer sans chercher l’effet instantané. Il s’éprouve aussi dans l’humilité : reconnaître qu’une idée meilleure existe ailleurs, et que l’on n’est pas diminué en l’adoptant. Et il s’installe dans le rapport au temps : plus on pense sur dix ou vingt ans, moins l’ego a de prise.
Un paradoxe libérateur
Le paradoxe est clair. C’est en s’oubliant un peu que l’on devient plus libre. Libre de tester, d’échouer, de recommencer. Libre d’accepter ses limites, sans que cela entame sa valeur. L’ego nous enferme dans la comparaison et dans la peur de l’oubli. Mais la vie n’a pas besoin que nous soyons éternels. Elle a besoin que nous soyons présents.
Mettre l’ego de côté, ce n’est pas s’effacer. C’est retrouver la clarté. C’est remettre la réalité devant l’image, l’action devant le prestige, la durée devant l’instant.
L’ego crie “sois vu”. La vie, elle, murmure “sois vrai”.
Pour aller plus loin
Si le sujet de l’ego vous interpelle, je vous recommande “Ego Is the Enemy” de Ryan Holiday. C’est un livre à la fois simple et percutant. Il ne cherche pas à donner de grandes leçons abstraites, mais à montrer, avec des exemples très concrets d’entrepreneurs, d’artistes, de militaires, de sportifs comment l’ego peut nous piéger.
On pense souvent que l’ego est ce qui nous pousse à réussir. Holiday montre au contraire qu’il brouille nos décisions, nous fatigue à vouloir paraître, et finit par nous détourner de ce qui compte vraiment.
Ce n’est pas un livre théorique. C’est un rappel pratique, presque quotidien : avancer, créer, construire, sans que le besoin d’être vu prenne toute la place.
Bonne lecture !
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La rédaction de Brained
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Cet article a été généré par l’IA, relu et retravaillé par un être humain.
